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Calendrier et secteurs chassés: lire les informations dans la page "Randonnées" du site.

Un passé glorieux…

Le 17ème siècle… Colbert souhaite supplanter les productions de verre vénitiennes, omniprésentes en Europe. Il fonde en 1665 la Manufacture des Glaces de miroirs, partagée entre cinq associés et installée à Paris, Faubourg Saint-Antoine. Avec l’arrivée de Richard Lucas de Nehou, propriétaire de la glacerie de Tourlaville, la manufacture prend son essor industriel. Les glaces sont soufflées dans le Cotentin et transportées brutes à Paris où elles sont alors polies. Dès 1672, Colbert promulgue un arrêt interdisant l’importation des glaces vénitiennes. Bien qu’une compagnie concurrente soit créée, la production de la Manufacture royale ne fait que se développer.
Louis Lucas de Nehou met au point une technique particulière pour couler des glaces de grande taille dont il présente quelques exemplaires à Louis XIV. Les locaux du Faubourg Saint-Antoine sont exigus pour cette production. Les associés de la Manufacture cherchent un nouveau site. Ils s’installent à Saint-Gobain sur le site d’un château médiéval quasiment détruit. Là, au cœur de la forêt qui fournit le combustible privilégié pour la chauffe des fours et qui permet de sécuriser l’accès du site, le coulage du verre sur table de métal permet la fabrication des glaces de grande dimension.Le rachat, en 1702, par un groupe de banquiers franco-genevois, va permettre d’insuffler un véritable esprit de gestion et de direction capable d’assurer les conditions du développement de la Manufacture. Au milieu du XVIIIe siècle une alliance se noue, parmi les associés français, avec Madame Geoffrin – dont le célèbre salon accueillait toute l’Europe de la politique, des arts et des lettres – et sa fille, propriétaires de 13% du capital de la société, hérités d’un mari et d’un père ancien caissier de l’entreprise.Après la Révolution et l’Empire qui voient les dirigeants opérer de nécessaires mutations, le début du XIXe siècle connaît un essor vigoureux de la concurrence, en France, en Grande-Bretagne comme en Belgique, qui conduit Saint-Gobain à élaborer une politique d’extension et de rationalisation du travail, en diversifiant les sites d’exploitation. La présence de présidents comme Antoine-Pierre Hély d’Oissel ou Albert de Broglie ou de directeurs comme les frères Biver ou Lucien Delloye donne une véritable impulsion technique, financière et commerciale à une politique de fusion et de développement à l’étranger.
Après 1848, s’ouvre l’âge d’or de l’industrie des glaces, avec de nombreuses commandes privées, et la mise en route de très grands chantiers liés aux nouvelles conditions de vie : développement des gares, bibliothèques, musées, galeries, grands magasins, auxquels répond la judicieuse décision de Saint-Gobain d’élargir sa gamme de glaces. La petite glace mince laminée va donc habiller les serres du jardin des plantes, les halles de Baltard, la gare de Milan, sans compter les formidables réalisations verrières des Expositions universelles : galerie des machines de l’Exposition de 1889, Grand Palais en 1900, palais lumineux, palais des Illusions.
Le 31 décembre 1995, l’histoire de l’industrie du verre s’est arrêtée à Saint-Gobain. Ce jour là en effet, le dernier atelier encore en activité dans l’usine rejoint la localité de Condren, située entre Chauny et Tergnier. Pourtant la production industrielle axonaise, depuis ses origines, a brillé par son excellence. L’usine s’est en effet spécialisée dans la fabrication du verre à vitres, généralisant ainsi l’usage des grandes fenêtres. Un savoir-faire reconnu. En 1986 encore, elle fournit à la pyramide du Louvre en construction ses 666 – ou davantage – triangles et losanges de verres extra-blancs qui font la réussite esthétique du monument.(1)
Mais le capitalisme impose son implacable logique de rationalisation industrielle et de compétition. La modernisation des techniques de production, l’importance d’une localisation sur de grands axes de transport ou près du marché d’une grande agglomération défavorise cette verrerie trop isolée en pleine Picardie rurale et a raison du site primitif de la firme Saint Gobain.

Retrouvez plus d’informations sur l’historique de Saint-Gobain et de sa manufacture des glaces sur le site Picardia, l’encyclopédie Picarde, dont est issu une partie du texte ci-dessus.

Un présent dynamique…

L’industrie du verre a quitté Saint-Gobain. Mais les traces du passé sont restées, et leur mise en valeur est un axe de développement de la ville. L’ancienne chapelle de la manufacture a été ainsi transformées en centre d’exposition et de manifestation culturelle. Dans la commune,  neufs bâtiments sont inscrits ou classés au titre des Monuments historiques :  l’église, XIIIe siècle, classée Monument historique (4 mai 1921), l’ancienne verrerie de Charles-Fontaine,  XVIIe siècle, inscrite au titre des Monuments historiques (30 mai 1928) (propriété privée), le portail d’entrée de la Manufacture (1756), inscrit au titre des Monuments historiques (15 mars 1995), le bâtiment de l’administration de la Manufacture (façades et toitures), vers 1735, inscrit au titre des Monuments historiques (15 mars 1995), le bâtiment du Bel-Air de la Manufacture (façades et toitures), 1772-1773, inscrit au titre des Monuments historiques (15 mars 1995), le poste de garde de la Manufacture (façades et toitures), 1756, inscrit au titre des Monuments historiques (15 mars 1995), le logement des officiers dans le prolongement du poste de garde de la Manufacture (façades et toitures), 1756, inscrit au titre des Monuments historiques (15 mars 1995), la chapelle y compris l’ancien moulin à soude, 1758-1787, inscrit au titre des Monuments historiques (15 mars 1995), la galerie de contre-mines et caves de l’ancienne forteresse des Coucy, XIIIe siècle, inscrit au titre des Monuments historiques (15 mars 1995).
La forêt de Saint-Gobain qui constitue le deuxième massif de l’Aisne, après la forêt de Retz, s’étend sur près de 9 000 ha à l’ouest de Laon. Cet ensemble forestier est particulièrement diversifié car il est décliné en fonction des nombreux affleurements rocheux où alternent calcaire du Lutétien, argiles de Saint-Gobain, sables de Beauchamps et sables de Cuise. Situé aux confins des influences atlantiques et continentales ce territoire possède un relief associant des buttes calcaires et des dépressions humides et acides. Il concentre ainsi une diversité d’écosystèmes qui offre le gîte et le couvert à une faune et une flore remarquables. On y remarque notamment des hêtres et des chênes centenaires, aux noms évocateurs : chênes de l’Europe, des Trois-Fillettes… La forêt est propice à une simple balade comme aux randonnées.
Saint-Gobain est une petite ville dynamique, animée par de nombreuses initiatives municipales ou citoyennes, des commerces et entreprises, des associations: la ville dispose de deux boulangeries, un café, une épicerie biologique, une supérette, un boucher, quatre salons de coiffure, un fleuriste, deux garages automobiles, un spécialiste en motoculture, deux entreprises de chauffage ou plomberie, une entreprise de peinture en bâtiment, une entreprise de menuiserie, trois entreprises de service, trois entreprises liées à l’agriculture, trois exploitants forestiers, trois entreprises de restauration rapide, un marché du terroir (le samedi matin), un marché aux fruits et légumes (le vendredi matin), une bibliothèque municipale, un cinéma de 300 places, un artiste peintre-sculpteur-céramiste, un espace numérique, un complexe sportif, neuf associations sportives, cinq associations liées à l’encadrement de la jeunesse, trois associations liées aux séniors, deux associations liées à la détente, deux associations liées à l’expression artistiques, trois associations liées au patrimoine, trois associations liées à la musique et au chant, deux associations liées au devoir de mémoire, quatre associations liées aux actions solidaires, trois associations liées à l’environnement dont UfdH.

Aux origines : l’évangélisation du VII siècle. (2)

Les monastères de Grande Bretagne et de l’Irlande celtiques du 8ème siècle ont exporté la foi chrétienne, en Europe continentale, par le biais de moines missionnaires. D’abord en Bretagne, puis dans l’ensemble de la gaule. Le moine Irlandais Gobân s’inscrit ainsi dans cette démarche d’évangélisation, lui même disciple du Saint missionnaire Irlandais Fursy au VII siècle.
Ce n’est que deux siècles plus tard, qu’il est fait mention de la vie de Gobân en France, dans une publication d’acta sanctorum de Jésuites Belges, le territoire Belge(3) étant alors sous domination Mérovingienne. Les acta sanctorum constituent une collection de volumes consacrés aux saints de l’église catholique, dont les textes tentent de séparer les faits des légendes qui se sont attachées aux personnes au fil des temps. Les deux-cents ans écoulés entre la vie de Gobân et son récit, incitent à la prudence quant à l’exactitude des faits rapportés.
D’après ces textes, Gobân arrive en Gaule et s’installe d’abord au monastère de Corbie, dans la Somme actuelle. De là, il gagne seul, peut-être après avoir séjourné un temps à l’Abbaye Saint-Vincent de Laon, tout juste crée, un lieu alors désert du Laonnois, connu sous le nom de  Mont Erême, dans la forêt de Saint-Gobain, qui portait à cette époque le nom de « Forêt de Voas« .

L’histoire scientifique cède maintenant le pas à l’histoire religieuse. Lecteurs et lectrices y prendront ce que leur conviction y verra.

Convaincu des vertus spirituelles de la solitude, Gobân était déterminé à fuir le monde et à se retirer en un lieu désert, pour y vivre en ermite. Muni d’un bâton de marche, il s’enfonçait dans la vaste forêt de Voas. Au crépuscule, il s’arrêta sur une colline, un lieu-dit appelé Mont Erème – littéralement « Mont inculte ». Il planta son bâton dans le sol, et se coucha, cherchant le repos. Passait la nuit… A l’aube, s’apprêtant à reprendre sa route en quête du lieu propice à la construction d’un ermitage, Il retira sa perche du sol.  A l’instant où il libéra sa hampe, une source abondante jaillit du trou formé par la pointe de celle-ci. Y voyant un signe divin, Gobân décida que ce sol verrait l’édification d’une cellule et d’un oratoire. La construction achevée, Il dédia la bâtisse à Saint Pierre, alors que l’endroit prenait le nom de « Mont de l’ermitage », pour le garder durant toute la vie de Gobân. Plus tard, on érigeait à cet endroit l’église qui porte toujours le nom de Saint Pierre. Dans une crypte, on préservait la source sacrée.

A gauche, la crypte telle qu’elle est dessinée dans l’ouvrage de Maximilien Melville, publié en 1818 (5).  A droite, la
crypte après les destructions de la première guerre mondiale. L’ouverture de droite est la porte menant à la source. (4)

Gobân y pratiquait la prière, et encourageait la conversion des peuples voisins. Mais ses prédications, finalement, provoquèrent la colère des habitants: Le 20 juin 670, investissant la retraite de l’ermite en prière, ils lui tranchèrent la tête. Gobân fut enterré dans l’oratoire.
Plus tard, des rumeurs se répandaient quant aux miracles se produisant sur le lieu de sa sépulture, attirant des pèlerins désireux d’y manifester leur dévotion. Ce pèlerinage donna naissance, au fil du temps, à une petite ville au milieu de la forêt, ville qui prit le nom de Saint Gobain.(5)

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Sources

(1) https://www.louvre.fr/node/1560
(2) Sources, Société Historique de Haute-Picardie : « Saint-Gobain avant la Manufacture établie en 1692 : le Saint, le Prieurd, le château et ses Seigneurs, les Habitants et leurs droits d’usage dans la forêt. » – http://www.histoireaisne.fr/memoires_numerises/chapitres/tome_14/Tome_014_page_028.pdf
(3) Sources, Wikipedia: https://https://fr.wikipedia.org/wiki/Belgique#Antiquit%C3%A9
(4) Images d’archives: Ministère de la Culture
(5) Sources: Histoire de la ville et des sires de Coucy-le-chateau, De Maximilien Melleville, 1818
A lire également: Histoire de la ville et des sires de Coucy / par… E. de Lépinois, à lire sur le site de la BNF